Entretien d'embauche

J' étais devant la grille de cette société dont je ne connaissais rien. La femme que j'avais eu au téléphone m'avait fixé un rendez vous avec Monsieur Valentine pour 14 h. On était en plein été et je mourais de chaud dans ce costume tout neuf. Comme tout étudiant fraichement diplômé, je n'avais jamais passé un tel entretien. J'avais lu toute la nuit des bouquins sur comment réussir votre test d'embauche. Et franchement cela m'a servi à rien. Une fois assis dans la salle d'attente, l'hôtesse d'accueil m'a donné le catalogue de vente par correspondance de l'entreprise. L'activité de la société est le complément alimentaire, 600 pages de poudre de perlimpinpin pour tout guérir, tout arranger et vous rendre la vie plus belle.
Absorbé par l'étendu absurde des propriétés des gélules de toutes les couleurs, M Valentine se présenta à moi. Un ventre rond et prédominant suivi d'un homme de cinquantaine d'années qui me serra la main de façon virile. Une fois dans son bureau j'essayai de prendre la bonne posture (comme décrite dans les bouquins), mais bien vite je compris que l'entretien n'allait pas suivre les chapitres des manuelles de recrutement.
M Valentine commença littéralement par vendre sa société. j'ai eu le droit à tout: l'esprit de famille (10 membres de la même famille sur 45 salariés), les vacances à la Réunion ou la Martini que tous les 2 ans tous ensembles (bizarrement depuis que je suis DRH, la société n'a plus les moyens), les repas conviviaux du midi, la magnifique ambiance et la décontraction d'une jeune PME pleine d'avenir. Il m'expliqua que mon CV l'avait "emballé" et qu'il avait besoin d'un juriste et d'un DRH pour structurer la société. Il souhaitait une personne jeune car la société n'avait pas les moyens de payer un DRH d'expérience. Et voilà comment j'acceptai sa proposition d'un CDD de 6 mois "pour voir". La fin de l'entretien me laissa une impression bizarre car j'avais l'impression que tout cela avait été un peu trop facile...

Au commencement...

Au commencement était le verbe...et un sacré coup de pouce du destin.
Au bout de 7 ans de labeur, d'examens, de partiels, je suis enfin arrivé à clôturer mes études de Droit par un DEA en droit privé. J'avoue maintenant, j'ai bien profité de la vie d'étudiant: les soirées, les pizzas, les parties de tarots sans fin etc... Ceci expliquant cela, j'ai pris mon temps et j'ai recommencé ma deuxième et troisième année d'université. Et ce qui devait arriver, arriva! Mon père m'indiqua l'adresse d'un ami à lui du MEDEF et qui connaissait peut être des entreprises qui cherchaient des juristes. Le piège était tendu et j'étais ferré. Je pensais prendre le temps pour me préparer à la vie active. Au bout d'une semaine j'ai reçu un appel pour me présenter dans une entreprise qui cherchait un juriste avec une spécialisation en ressources humaines.
C'était il y a 8 ans et j'avais un rendez vous avec celui qui allait devenir mon Président, pour le pire et le meilleur, Monsieur Régis VALENTINE.